Passion [Blu-ray]
P**T
Encore !
"Passion" est passionnant !Ce film, tourné il y a dix ans, est un film de fin d'études.La technique et l'image ne sont pas toujours au top mais on décèle clairement un talent indéniable pour la mise en scène et la direction d'acteurs. Impressionnant !Après avoir vu " Drive my car", qui m'a laissé sans voix, j'ai eu envie de découvrir l'univers envoûtant de ce réalisateur.Ce film suit les errements sentimentales d'un groupe d'amis dont un couple bien installé.Ce dernier va lors d'un dîner annoncer son futur mariage qui ne manquera pas de créer de la jalousie et déclencher des interrogations existentielles.Voilà de quoi il est question.Du passage à la vie d'adulte, du modèle de la vie de couple que l'on souhaite suivre.Le cinéma de Ryuseke Hamaguchi est clairement celui de la parole.Une réflexion à cœur ouvert sur notre rapport à l'autre.À nos amours.Je compte bien m'offrir tous les films d'Hamaguchi !Son nouveau film est actuellement en salle. "Conte du hazard et autres fantaisies".Je ne manquerai pas ce rendez-vous !
L**D
Vertiges de l'amour (I)
N’exagérons rien. Ce n’est pas parce qu’aucun des réalisateurs japonais actuels n’arrive vraiment à la cheville de leurs aînés qu’il faut s’exciter outre mesure dès que quelqu’un d’un peu talentueux arrive à émerger. On peut ainsi quelque peu s’étonner qu’Arte consacre un coffret bien rempli à Ryusuke Hamaguchi alors que la plupart des derniers films de Shohei Imamura, pour se limiter à un seul exemple, ne se trouvent plus depuis belle lurette : s’il y en a un qui mérite un tel coffret avec copies améliorées, livret et suppléments, ce serait peut-être plutôt lui, non ? Une fois cela posé, ce coffret est une aubaine pour qui s’intéresse au cinéma japonais récent, et je ne doute pas que ceux qui découvriront ce cinéaste avec Drive My Car, film particulièrement bien reçu par la critique à Cannes en 2021 et sortant dans les salles françaises en août, seront ravis de découvrir ses films précédents dans un tel écrin.Même s’il a des jours moins fastes, je préfère pour ma part un Hirokazu Kore-eda à Ryusuke Hamaguchi, mais d’une part j’écris ceci avant d’avoir vu son nouveau film, d’autre part j’ai découvert les précédents dans le désordre (c’est-à-dire dans l’ordre de leur distribution française dans les salles) et je n’ai pu manquer de me dire que s’il y a déjà des constantes dans les films de lui que l’on a pu découvrir, il est de toute évidence en progrès à chaque nouvel opus. Je n’ai guère de doutes sur le fait que ceux-ci sont plus marqués encore dans Drive My Car. Notons d’ailleurs qu’après ce qui pour nous a pu apparaître comme une pause - le seul film de lui sorti entre-temps chez nous étant son film de fin d’études, Passion, qui date de 2008 - ce sont pas moins de deux films qui ont été présentés dans des festivals en 2021, d’abord à Berlin, puis à Cannes. Espérons voir l’autre – Wheel of Fortune and Fantasy – assez rapidement aussi, et pas seulement Drive My Car.Dans les entretiens vidéo avec le responsable du cinéma sur Arte, Olivier Père, Ryusuke Hamaguchi détaille bien son parcours et le fait qu’étant donné qu’au Japon il n’existe plus vraiment de « film du milieu » (pour reprendre la terminologie qui s’est imposée un temps en France) mais seulement des grosses productions et des films indépendants à petit budget, il se définit comme résolument indépendant. Passion, film très abouti pour un film de fin d’études (et qui a donc été distribué chez nous après Senses et Asako I & II), a préludé à d’autres films qui n’ont pas trouvé le chemin de nos salles avant la sortie de ce projet un peu fou qu’était Senses – rappelons que le film, d’une durée excédant les cinq heures et découpé en cinq épisodes, a été distribué en trois parties. Proche de la mini-série et pourtant conçu intégralement pour le cinéma, Senses bénéficie grandement de l’épaisseur de la durée pour étoffer ses personnages principaux et arriver à en donner presque tout autant aux personnages secondaires. Avec ses personnages féminins approchés avec finesse et profondeur, Senses a provoqué un relatif engouement qui fait que c’est lui qui a mis Hamaguchi sur le devant de la scène. Ne l’ayant pas revu pour l’occasion, je n’en dirai pas plus, mais il est évident que beaucoup se porteront avant tout sur ce film-là, et ce n’est que justice. Dans ces conditions, la question qui se pose est : les deux autres opus valent-ils que l’on se porte sur le coffret plutôt que sur la seule édition séparée de Senses ?Passion, pour intéressant qu’il soit et pour être mieux qu’uniquement un brouillon des films suivants, est donc un film de fin d’études. L’accomplissement n’en est que plus éclatant, mais il faut tout de même avouer que cela se sent un peu. Ne serait-ce qu’en raison du côté parfois un peu fruste de la vidéo utilisée – en 2007-08, le matériel n’était pas aussi bon, quand il n’était pas de pointe, que quelques années plus tard – et de la moindre élaboration de certains plans, qui trahissent quelque peu leur origine pas encore complètement professionnelle. Cela dit, il y a là déjà beaucoup de maîtrise. Très influencé par John Cassavetes – Hamaguchi a souvent cité Husbands comme une de ses découvertes déterminantes, et on ne peut de toute façon pas ne pas y penser en voyant le film – Passion ne repose pas autant sur l’improvisation de ses acteurs, et cela se sent (là aussi, il y a une certaine raideur, dont est très conscient Hamaguchi avec le recul). Le script, un peu surécrit, trahit lui aussi le premier essai, et la volonté de trop en dire. Cela dit, le tour que prend sa réflexion sur les errances du désir, des relations amoureuses et amicales intéresse tout du long, malgré les relatives raideurs et les maladresses.Moins maladroit, Asako I & II ne frappe pas quant à lui par la grande acuité de sa réflexion sur l’amour, ce qu’on lui a parfois reproché. Voire. Comme les explications que donne le réalisateur l’indiquent, le film ne se veut ni strictement réaliste ni franchement onirique. Son titre original – se traduisant par quelque chose comme « y penser jour et nuit » - a conduit pour la distribution internationale à choisir ce Asako I & II, le I & II ayant achevé de convaincre le cinéaste que l’essence de son film s’y retrouvait : deux moments de la vie d’Asako face à ses deux amours, mais aussi le jour et la nuit, la réalité et le rêve, etc. L’intérêt du film – au-delà de ce qu’il dit du rapport de son personnage à deux formes d’amour, le sublime et le quotidien – réside essentiellement dans le fait que son apparent réalisme est travaillé pour faire émerger autre chose, mettons le surréel. Asako I & II est un film d’amour fou qu’aimeraient sans doute les surréalistes, avec une esthétique tellement réaliste – accentuée évidemment par la captation numérique – qu’elle arrive à dévoiler autre chose dans le réel apparemment le plus strict. Autrement dit : la relative platitude que l’on a pu reprocher au film existe, sans nul doute, mais elle fait aussi pleinement partie de son projet esthétique. Evidemment, sur un tel sujet, on peut trouver tous comptes faits que le romantisme un peu noir et malade du Vertigo d’Alfred Hitchcock est bien préférable. Cependant, même un peu trop platement réaliste la plupart du temps, même s’il regarde (de façon tout à fait assumée et sans s’y cantonner) vers le roman-photo, même si un peu trop sur la réserve – comme son héroïne, dont la réserve rêveuse est admirablement restituée à l’écran par Erika Karata – Asako I & II reste en mémoire. Le charme naturel de ses acteurs, en outre tous très bons (mention spéciale à Masahiro Higashide dans son double rôle), y est évidemment pour beaucoup. Le sens du lieu de Hamaguchi aussi – celui-ci était déjà notable dès Passion – et le fait qu’il sait y inscrire ses personnages.Au total, des films peut-être pas exceptionnels mais qui proposent tous quelque chose d’aimable, plus ou moins riches et fins, non dénués de charme, voire de moments de grâce. Assez pour donner envie de suivre le parcours de ce cinéaste, à commencer par ses deux opus présentés dans les festivals et les salles en 2021.EDITIONS FRANCAISES ARTE VIDEO (2019)Les trois films sont sortis en éditions séparées. Un coffret les réunissant comprend en outre un livret très éclairant d’une soixantaine de pages : y figure notamment un long entretien avec Dimitri Ianni, qui complète parfaitement celui que l’on trouve en vidéo, disséminé sur plusieurs disques, avec Olivier Père. Un making-of est en outre proposé pour Asako I & II.Les masters, tous numériques au départ, sont de très bonne qualité. VOSTF uniquement.Ma notation irait de 3-3,5 pour Passion à un solide 4 étoiles pour Senses et Asako I & II. Le coffret, avec son accompagnement bien conçu, vaut de toute façon globalement son bon 4 étoiles et est à préférer si l'on compte ne pas se limiter à un seul de ces trois films.
M**N
parfait
Qualité et délais : impeccable
Trustpilot
1 month ago
2 months ago